Invivable, elle s’était proclamée juste invivable,
Un soir d’introspection solitaire, de remise en cause,
Alors que sa liste de favoris s’allongeait sur l’écran…
*
Bien sûr, elle était charmante, bien sûr très désirable,
Et rien ne la prouvait moins intelligente que les autres,
Mais elle persistait dans un repli sur soi sans borne…
*
Sa voix était celle d’une grande personne, posée, claire,
Et ses mots auraient passé tous les oraux d’un bac-philo,
Tant elle avait bien pris dans son jardin de femme…
*
Une belle fleur sous un ciel de Magritte, elle,
Et j’y trouvais le bonheur apaisé des marins de retour,
Moi, sur ma terre ferme sans réalité véritable…
*
Evidemment, j’aurais passé tous les hivers du monde
À l’abri de sa robe, comme un chaton en confiance,
Et tous les étés à courir avec elle sur nos plages blanches…
*
Je comptais ses nouveaux printemps et mes automnes,
Sur un chapelet de nacre et d’or blanc, en prière du soir,
Et les anges, eux, me soufflaient le bon verbe à conjuguer…
*
Sur ses jambes je traçais des lignes de regards doux,
Dans son regard j’épuisais mon eau de vie,
De tout son corps je baptisais mon âme sans dieu…
*
Je n’aurais pas du acheter ce Laguiole à six cents euros,
Un jour de tourisme, juste pour rire, à chaude lame,
Juste à l’heure où sa voix douce rosissait le chemin de crête…
*
Goutte à goutte, j’étanchais ma soif d’elle,
Dans l’eau vive d’un torrent de montagne,
Les veines en communion avec le courant frais…
*
Je brouillais enfin les pistes d’atterrissage,
Juste arrivais à bon port, dans son Eden,
Et j’allais enfin la rejoindre à jamais.
*
DSMoon (Child can dream’on / 2009)
À S***