Je me souviens de ma vieille cousine,
Celle qui m’a un jour décrété infernal
Et dont je tombais en amour des copines,
L’une après l’autre, du haut de mes treize ans…
De si belles et grandes filles, à l’âge tendre sans tête de bois,
De leurs pré-minijupes dont je savais tous les dessous,
En douce, en douceur, l’œil brouillé d’émotion purement libidinale,
Le nez collé sur leurs effluves enivrantes de vigne vierge en fleur…
J’osais des regards appuyés, des pressions sur leur main dans la mienne,
Elles s’amusaient de mes SOS d’apprenti-naufrageur, mes feux visibles,
Elle envisageaient un avenir certain, mes futures galères de jeune coq,
Sans avoir le cœur de m’en aviser des formidables aléas à surpasser…
Depuis, j’ai fait porter des valises mauves à des yeux de toute beauté,
J’ai failli noyer une oie blanche dans la bière belge au Capitole,
J’ai conduit un jeune employé de banque sur la route de Kerouac,
J’ai gâché sans doute bien des heurs de jeunes femmes séduites…
Diabolique au demeurant, le vieux chien sale, l’ours sauvage,
Malgré son cœur de nana et ses iris dans l’eau de vos larmes,
En dépit de vos pis-aller à sa rencontre, les bras ouverts,
Dans une ultime tentative d’approche, à vos seuls risques…
Juste ’me demande encore si un beau jour viendra,
Celui qui me réveillera tout nu, sans plus d’épine,
Sans le moindre venin à cracher après l’amour,
Sans carapace à approcher d’une peau douce…
Juste ’me demande comment c’est, la vie ordinaire,
Quand on communie dans un même élan, sans défense,
Avec juste une belle croisière à vivre ensemble,
Sans gilet de sauvetage ni harpon sous le bras…
Je me souviens de ma vieille cousine,
Celle qui m’a un jour décrété infernal
Et qui n’a jamais cessé de m’offrir l’hospitalité
Quand elle me voyait jeté sur un trottoir trop mouillé…
Il y a des nuits comme ça,
où reviennent les fantômes,
Ou se déchainent les revenants,
Lorsqu’on se décide de s’avouer
que ça sent effectivement le sapin.
<< Ode à la vie
Ode à la poésie
Ode à la parodie
Petit baigneur fait des longueurs
À longueur d’odyssée
Brasse petit verni, à bras raccourcis
Brasse, petit gabarit,
Engloutis mes pêchés véniels,
Mes blasphèmes en apnée,
Brasse… >>
(Bashung)
* * *
DSMoon (Joyeux Noël / 2007)