Changer les couches du siècle nouveau,
Passer des heures à trier les papiers à garder
De ceux à flusher dans la poubelle verte,
Passer outre les portes claquées et les râteaux
Pris sur le nez d’un Pinocchio à la langue de bois…
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Changer d’univers dans les gondoles des multivers offerts
En promotion de publicités radiodiffusées, juste pour vivre,
Se sentir rassuré dans la jungle mise en cap sur le plan de vol,
Voler de ses propres ailes dans le mazout des marées noires,
Et finir son voyage dans le noir absolu, après deux mille mirages…
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Changer de cravate pour l’ultime cérémonie respectable,
Sans ses enfants ni ses amours mortes à l’heure des funérailles,
Sans le moindre regret à laisser en blanc dans le courant,
Juste un abonnement et des dettes couvertes par une assurance,
Changer de monde pour aller voir dans un autre moins concret,
Moins dur et moins avéré, en visiteur d’un soir d’orage magnétique…
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Juste penser à payer les frais d’un passeport pour la Papouasie ou le Québec,
À payer un très cher billet sur Air-France, avec un retour indéterminé,
Un aller au retour indéfini, à en disparaître pour l’éternité administrative
Dans un coin discret où les amours disparues ne sont que des nostalgies,
Des idées toutes faites en vrac au fil du torrent de nos larmes
Coulant encore dans l’eau vive de nos artères en tuyaux…
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La retraite, c’est un domaine dominé par le vide à venir,
Un avenir gommé dans un vague demain sans plan de vol,
Un albatros aveugle dans les nuages blancs d’un océan déchainé,
Un cœur qui ne bat plus pour personne, qui lâche son lest,
À en naufrager ses plus belles espérances, à en offrir son inutilité
À des humains plus beaux et plus capables de continuer la course,
À des jeunes auxquels je passe le relais, avec ce qui reste de mon humanité…
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DSMoon*** ( Quid novi ? )